Résumé: Akodesséwa (Lomé), un marché aux allures de ‘‘ghetto commercial’’

Yentougle Moutore§

&

Gountante Dansoip

Résumé : Les difficultés d’intégration urbaine qui se posent dans les villes togolaises exigent, pour les comprendre, d’interroger la dynamique sociale et surtout les logiques culturelles à l’œuvre. Les propriétés territoriales des différents quartiers dans la ville de Lomé déterminent les formes et les logiques de regroupement des individus. La tendance au renfermement territorial d’Akodesséwa est la conséquence des difficultés d’intégration professionnelle et exige d’analyser le système à l’aune des trajectoires résidentielles des populations entre Akodessewa et les territoires des autres quartiers et régions. Pour comprendre la logique fonctionnelle d’Akodesséwa, cette recherche, en dehors de la recherche documentaire, s’est appuyée sur des entretiens individuels avec 34 acteurs des différentes catégories socioprofessionnelles de l’espace dédié à la vente des pièces détachées. Les résultats obtenus à partir du calcul des indices d’isolement et du quotient de localisation ont montré d’abord une tendance à l’homogénéité sur le territoire. Il en est ensuite ressorti que Akodessewa remplit une fonction de récupération sociale mais aussi religieuse pour les candidats à la ville originaire de la région des savanes.

Mots-clés :  Akodesséwa, intégration socioprofessionnelle, récupération religieuse

Abstract: The difficulties of urban integration that arise in Togolese cities require, in order to understand them, to question the social dynamics and especially the cultural logics at work. The territorial properties of the different districts in the city of Lomé determine the forms and logics of grouping of individuals. Akodessewa’s tendency towards territorial isolation is the consequence of the difficulties of professional integration and requires analyzing the system in terms of the residential trajectories of populations between Akodessewa and the territories of other neighborhoods and regions. To understand Akodesséwa’s functional logic, this research, apart from documentary research, was based on individual interviews with 34 actors from different socio-professional categories in the space dedicated to the sale of spare parts. The results obtained from the calculation of the isolation indices and the location quotient first showed a tendency towards homogeneity in the territory. It then emerged that Akodessewa fulfills a function of social but also religious recovery for the candidates for the city from the savannah region.

Keywords: Akodesséwa, Socio-Professional Integration, Religious Recovery

Introduction

Les propriétés générales des espaces relégués à l’instar des ghettos, des faubourgs ou encore des favelas, permettent de porter la comparaison sur d’autres territoires pour appréhender les caractéristiques en vue d’une classification des types de territoires. Si les recherches en sciences humaines se sont ces dernières années intéressées aux trajectoires résidentielles des migrants dans les zones urbaines, il apparait plus pertinent de le comprendre à partir des logiques d’intégration professionnelles en ce qu’elles déterminent toutes les autres formes d’organisation. On peut en effet constater ces dernières années, qu’en raison du renfermement social, la mobilité géographique est conditionnée par la garantie et les promesses d’une insertion professionnelle.

En effet, les sociétés à forte conscience culturelle vont tendre progressivement au renfermement, par le maintien des réseaux ruraux, pour la protection de leur patrimoine culturel et la pérennisation de leur valeur et de leur groupe. La transmission culturelle pose plusieurs interrogations dont l’opposition entre développement et prolongement. La modernisation, aidant à mettre à nu les conséquences socio-politiques et économique, se présente donc pour la plupart des groupes culturels comme un adversaire dans leur lutte contre la détribalisation.

Le renforcement des inégalités dans les villes africaines et particulièrement au Togo marqué du sceau de la ségrégation a contraint la relégation spatiale des populations aux prises avec les réalités socio-culturelles. Dans la ville de Lomé l’embourgeoisement est le principal indicateur des inégalités sociales. Elle est la conséquence de la tendance à l’homogénéité territoriale et surtout des efforts collectifs de renfermement dans une dynamique d’autarcie. Par ailleurs, « l’apparition massive des hypermarchés en périphérie urbaine et la déconnexion des flux liés aux centres commerciaux apparaissent avoir précipité leur déclin » (Péron par Gasnier, 306). C’est dans ce contexte qu’on voit émerger sur chaque micro-territoire les infrastructures nécessaires à l’existence des populations. En effet, « les quartiers pauvres de grand ensemble regorgent d’initiatives, notamment d’ordre économique » (Collectif Rosa Bonheur 11).

Si chaque micro-territoire s’ouvre aux autres pour accroître et renforcer son influence, elle a d’abord pour vocation de satisfaire le besoin d’intégration de sa population dans une société globale qui l’a marginalisé. C’est ainsi que se développe, comme à Akodessewa, « de petits ‘‘business’’ dynamiques et quelques polarités commerciales proposent des services plébiscités par les riverains, et même par des personnes hors du quartier et de la commune. Ces initiatives ne parviennent que rarement à bénéficier de l’acceptation des décideurs locaux (Fol et Fleury).

La multiplication des zones commerciales, si elle est l’expression d’une bonne dynamique économique, cache toutefois des tensions et rivalités sociales nées de contexte fortement inégalitaire et ségrégatif. C’est d’ailleurs pourquoi

Le Grand-Marché de Lomé est un endroit unique pour observer les tensions qui affectent le commerce au Togo aujourd’hui, en particulier celles qui opposent une nouvelle génération de femmes commerçantes très impliquées dans le commerce avec la Chine et une élite commerçante plus ancienne, qui a longtemps dominé le commerce des tissus en provenance d’Europe (Nina 4).

Les groupes socioculturels, face à la nécessité de s’organiser et de se structurer à travers les coutumes, se sont vus enfermés dans ces cocons d’altercations entre traditionalisme et modernisme. Fondamentalement pour faciliter l’intégration socioprofessionnelle des individus issus de leur milieu d’origine ou comme l’affirment A. Metton et J. Soumagne (2002) repose sur des « considérations plus locales en lien avec les appareils commerciaux et leur insertion en milieu populaire ».

Chaque groupe culturel construit-il des contre-cultures au détriment de l’enculturation, ou se constitue-t-il en ghetto dans la volonté de protection de leur patrimoine culturel et surtout du développement de leur communauté ? Pour lire et comprendre le développement du marché de pièces détachées d’Akodessewa, il faut analyser ses rapports avec ‘‘le marché des fétiches’’ d’Akodessewa qui a pris naissance après les indépendances à la faveur des migrations sous régionales. En effet, « le marché aux fétiches occupe des fonctions commerciale, sociale, cultuelle et mystique, économique et touristique. Il couvre une superficie de 1200 m² avec 15 stands sous lesquels sont exposées des marchandises constituées de têtes, de crânes, de peaux, d’os, de queues de bêtes, de serpents, d’oiseaux séchés, de statuettes, d’écorces, de racines et de feuilles d’arbres » (N’kere 4). C’est pour cela qu’il ne faut pas négliger ni perdre de vue la dimension mystique des activités commerciales et les rapports de bon voisinage qu’entretiennent les acteurs de ces différents pôles d’activités entendu que l’influence spirituelle du ‘‘marché’’ de fétiche serait de bon augure pour les affaires du marché de pièces détachées.

Faut-il y voir ou lire dans Akodessewa un ghetto ouvert en raison de la fluidité des interactions intragroupes et de la nature des relations intergroupes ? Ou un ghetto fermé à cause du fort ancrage de la sélectivité professionnelle ? Comme le souligne S. Nina (5),

à l’époque, une dizaine de Nana-Benz, combinant leurs capitaux sociaux et économiques, avaient pu établir un oligopole informel sur le marché, oligolopole qui a échappé à la surveillance du régime colonial tardif. Les profits accumulés à cette époque ont fait de ces entrepreneuses un groupe puissant et stratégique.

Les questions se posent en raison des réseaux ou des fibres communautaires qui se développent entre acteurs dans le lien marchand ; réseaux qui se manifestent non seulement au travers de leur itinéraire résidentiel en zones urbaines mais aussi la configuration morphologique homogène du territoire.

Comment dans le marché (comme système capitaliste), selon l’héritage polanyien, autorégulateur et destructeur du lien social, les individus peuvent développer de la solidarité mécanique dans un système du tout-organique entre marchand ? En adjoignant l’observation directe et les entretiens individuels, la recherche procèdera par schématisation de la matrice des relations pour en déterminer les réseaux constitués, le profil et la nature des relations. Il s’agit pour la recherche de connaître qui peut être commerçant ou trader à Akodessewa, leur profil et ainsi appréhender l’influence sur la dynamique sociale dans les milieux d’origine.

  1. Démarche méthodologique

Au-delà de la nécessité de l’usage de la recherche documentaire, par l’emprunt des théories ci-dessous posées, dans la compréhension du phénomène étudié dans sa singularité et sa globalité, il parait intéressant de profiter de l’analyse qualitative pour appréhender la tendance à l’autarcie socioculturelle et la dynamique à l’œuvre dans le marché de pièces détachées d’Akodessewa. Elle consiste à porter sur un échantillon tiré par quota d’unités voisines à Akodessewa pour saisir la nature des relations entre les différents acteurs propriétaires de boutiques et/ou trader. Les entretiens se sont donc réalisés par catégorie socioprofessionnelle selon le tableau ci-dessous :

Tableau1 : Récapitulatif de l’échantillon des enquêtés

Catégorie socioprofessionnelleEffectif enquêté
Courtiers6
Propriétaire de boutique de pièces détachées11
Agent commercial4
Clients3
Réparateurs4
Syndicat3
Autres (sécurité, gestionnaire de parc)3
Total34

Source : Enquête de terrain, février 2021

Entre entretiens individuels approfondis et les groupes de discussion, il a fallu croiser le profil des enquêtés, le type de rapport qu’ils ont eu et ont avec les différents acteurs qu’ils connaissent pour comprendre les enjeux des luttes des acteurs et groupes sociaux pour la conquête et la domination sur le territoire.

Pour cela, la constitution de l’échantillon a retenu les principales variables suivantes : l’âge ; l’origine socioculturelle et la religion. L’analyse des milieux spécifiques exige une méthodologie particulière mais plus rigoureuse afin d’aborder et appréhender l’intimité de la vie des acteurs enquêtés. Voilà pourquoi il est apparu indispensable, au-delà des entretiens individuels, de réaliser des observations directes dans la zone commerciale autour du flux de population, le profil des usagers, les rapports de force entre trader, tenanciers de boutique, courtiers et clients. L’observation consiste à analyser le type de relations entre les différents acteurs pour comprendre à la lumière des interactions et des entretiens sur l’origine sociale, la dynamique de constitution et de reconstruction sociale au sein de ce territoire. Comme le souligne N. Zouari (38-39) « les données apportées doivent être descriptives, objectivantes et renseigner sur le fonctionnement de l’espace public ».

D’autre part, la recherche a fait usage du test sociométrique afin de comprendre les structures sociales à la lumière des attractions et des répulsions qui se sont manifestées au sein du groupe de marchands interrogés. L’objectif étant d’analyser les relations de choix ou de rejet. Pour ainsi comprendre avec qui les marchands sont en relation, la recherche s’efforce, à travers la théorie des graphes du calcul matriciel, d’analyser le contact entre les acteurs et surtout les motifs initiaux des différents rapprochements.

  • Théorie de référence

Les analyses tout au long de cette recherche sont le prolongement de l’approche écologique de la ville développée par J. Isaac et al. et plus encore E. Burguess et C. Newcomb ou encore L. Wirth. L. Wirth inspire la présente recherche à combiner différents types de matériaux pour analyser les milieux spécifiques aux allures de ghetto parmi lesquels ‘‘les conflits culturels dans une famille d’immigrants’’ ; dans la mesure où « les processus culturels d’accommodation et d’assimilation vont de pair avec la mutation de formes de vie et de types de personnalité ».

Puisque les réalités sociales et territoriales guident le quotidien des acteurs urbains « les enquêtes sur les rapports entre les individus et leur environnement sont une manière de préface aux études sur la perception de l’espace urbain mais elles soulignent la différence de marche historique de l’individu et du quartier qu’il occupe » (Georges 724). Mais, ce qu’il faut analyser dans cette recherche n’est pas la trajectoire résidentielle mais bien la trajectoire professionnelle ou mieux la mobilité socioprofessionnelle horizontale/verticale géographique ; celle qui n’influence guère la trajectoire résidentielle mais qu’il favorise la récupération des individus de même communauté. Voilà pourquoi il est intéressant de comprendre le phénomène au carrefour des ‘’interactions entre caractéristiques socio-économiques, ethnoraciales et démographiques’’ (Oberti et Préteceille 17).

Dans la mesure où la composition actuelle d’Akodéssewa laisse entrevoir l’indélébile tache de la ségrégation urbaine, il convient d’inscrire la dynamique et de comprendre les logiques constitutives mais aussi fonctionnelles du territoire. Dans ce contexte, à la suite de M. Oberti et E. Préteceille (44-75), il faudra analyser les logiques économiques, institutionnelles mais aussi d’acteurs individuels qui renforcent la ségrégation et accélèrent depuis ces dernières années l’homogénéité territoriale à Akodéssewa. A l’inverse, la description des éléments du système aidera à saisir les facteurs explicatifs des réalités socioculturelles de cet espace et la dynamique à l’œuvre.

En outre, pour comprendre la dynamique actuelle à Akodessewa, il faut d’abord analyser la dynamique urbaine, les propriétés territoriales, les logiques urbaines qui guide la constitution des territoires. Il faut les analyser à l’aune des appartenances ethniques et culturelles, non comme des systèmes, mais de petites entités territoriales qui se construisent, se déconstruisent et se réaménagent en fonction des logiques des microgroupes parce que « les observations de William H. Whyte ne dissocient pas le lieu de son identité culturelle ou simplement de son identité du moment, conjoncturelle » (Zouari 39).

C’est en cela que cette recherche reposera sur l’approche théorique de Harrisson White qui part du point de vue individualiste. Pour comprendre les relations sociales développées par les acteurs selon lui, il est essentiel de commencer à analyser l’identité individuelle de chaque membre du groupe pour saisir le tout-système, le réseau constitué. C’est pourquoi, cette recherche retient les 05 aspects qui donnent sens à une identité proposés par White à savoir :

  • la recherche d’appuis sociaux dans un contexte d’incertitude radical qui caractérise aussi les contextes sociaux ;
  • l’image projetée vers les autres ;
  • la tension qui existe entre le conformisme et la créativité ;
  • la construction ex post (autobiographie) ;
  • la notion de personne.
  • Les résultats de la recherche et discussion
    • Configuration socio-territoriales d’Akodesséwa

Akodésséwa est un marché réputé pour la vente de pièces détachées de véhicules de tous genres. Les acteurs exerçants dans ce « marché noir », sont des jeunes gens et adultes venus de toutes les contrées du Togo. Néanmoins, une forte proportion est originaire du Nord du Togo et principalement des moba de la région des savanes (Enquête de terrain, mars 2021), qui ressemble fort bien à la dynamique dans le cas de ce que A. Sengès (12) a appelé le « marketing ethnique » qui selon elle est « une approche qui prend en compte l’existence d’un marché parallèle au grand public : un marché par communautés. La société est perçue comme un agrégat de communautés qui se distinguent par leurs modes de consommation, leurs styles de vie, leurs langages, leurs façons de s’habiller, leurs loisirs » (Delannoy et Peretti 286).

En effet, les itinéraires professionnels post-migrations donneraient à penser et démontre même qu’il existe des ‘‘critères de segmentation’’ qui « prennent un caractère discriminatoire qui posent indubitablement la question éthique » (op. cit.). Ceci s’expliquerait dans le contexte urbain par le filtre urbain face à la ségrégation à l’œuvre en raison des enjeux économiques. Contrairement donc à ce qu’écrivait M. Wieviorka (23), l’ethnicité est de plus en plus définie dans les catégories du travail comme partie des rapports sociaux (…) indépendamment des caractéristiques démographiques. C’est le résultat de la ségrégation ethnique à l’œuvre dans la ville de Lomé, qui en imposant une trajectoire résidentielle à ces populations minoritaires, créent comme l’a dit M. Buzzelli « une ‘‘centralité sociale et symbolique’’ du groupe minoritaire, du point de vue tant de ses membres que de la société dominante » (cité par Hou et Picot 1).

C’est la conséquence des transformations territoriales et du développement des microgroupes presque homogènes et souvent autarcique dans une volonté de protectionnisme social et économique. Par ricochet, « l’existence d’enclaves ethniques peut influer sur l’interaction sociale et économique, tant à l’intérieur d’un groupe minoritaire qu’entre celui-ci et le reste de la société, et avoir une incidence sur la vie quotidienne des résidents » (Hou et Picot). C’est à partir de là que les migrations accélèrent et renforcent cette ségrégation et s’observe dans cette tendance à l’homogénéité territoriale du quartier, comme pour confirmer l’approche de Alesina et La Ferrara cité par Bossuroy (1) pour qui

l’hétérogénéité identitaire des individus empêche la société d’adopter des institutions efficaces ou d’établir un système de conventions partagé : la division en ethnies affecte en effet le degré d’empathie ou de confiance que les individus se portent spontanément les uns envers les autres (Alesina et La Ferrara), et affaiblit donc la capacité du corps social à se définir des objectifs collectifs ou à instaurer les mécanismes d’autorité et de solidarité qui rendent possibles les politiques publiques (Alesina, Baqir et Easterly) .

La composition de ce type d’entité territoriale tend à refléter les caractéristiques du milieu de départ. La population est en effet à forte proportion jeune avec un âge moyen autour de 25 ans ; les plus jeunes ayant 18 ans et les plus âgés 57 ans. Néanmoins, la majorité de la population de la localité a un âge compris entre 20 et 24 ans (RGPH, 2006). Les plus de 45 ans ne représentant que 5% de la population contre 28,80 pour ceux dont l’âge est compris entre 12 et 44 ans. Pour comprendre cette dynamique territoriale, il est intéressant de calculer l’indice de centralisation mais aussi le quotient de localisation des populations/travailleurs permanents sur le territorial pour saisir au mieux les logiques territoriales. En l’absence de données, les populations ethniques dans la localité et le nombre de travailleurs, la recherche partira simplement des données issues de la collecte des données. Celle qui a permis de faire un sondage sur les acteurs exerçant directement dans le commerce des pièces détachées à savoir :

  • le nombre de propriétaires de boutique : 1600 ;
  • le nombre de boutiques : 1100 ;
  • le nombre de trader et d’apprentis : 300.

Soit un total d’environ 3000 travailleurs et employés sur une population résidente de 7974 pour l’ensemble d’Akodessewa situé dans le 3e arrondissement. Ainsi, le calcul du quotient de localisation ou de concentration réalisé à partir de l’échantillon de la population ethnique extrapolée à la population globale, a permis de trouver que le QL (QL=(xi/ti) / (X/T)[1]), qui permet d’établir la sous-représentation et à la surreprésentation d’un groupe ethnique dans une unité spatiale ou dans une espace correspond à 58,33 selon les calculs suivants :

QL= (2100/3000) / (10719/839566[2]) QL= 58,33

Ce qui montre une forte concentration du groupe ethnique Moba à Akodessewa. Pour confirmer les données obtenues, il est intéressant d’établir en même temps l’indice d’isolement pour analyser la dynamique d’intégration professionnelle. L’indice d’isolement (xPx) s’obstient à partir du rapport entre (xi/X) / (xi/ti). Plus le résultat est proche de 1, plus le groupe est isolé sur le territoire dans la ville. Les données susmentionnées nous permettent d’aboutir au calcul suivant :

xPx= (2100/10719) / (2100/3000) xPx= 0,27

Ce qui permet de conclure qu’en dépit du fait d’une surreprésentation du groupe Moba dans la zone commerciale d’Akodessewa, le groupe ethnique n’est pas isolé sur le territoire et semble donc être égalitairement réparti sur les différentes unités spatiales de la ville de Lomé. On peut toutefois s’interroger sur la forte concentration du groupe ethnique sur le territoire et interroger à partir de là les trajectoires professionnelles, mais aussi les rapports qui s’établissent entre Akodesséwa et la ville de Dapaong ou la région des Savanes en général qui nourrit le territoire en travailleurs ces dernières années. En effet, « l’exposition au même groupe ethnique a un effet sur l’emploi » (Hou et Picot 6). Même si la proportion faible des travailleurs du groupe ethnique à Akodesséwa ne permet pas de conclure à une profession cloisonnée[3] (vendeurs de pièces détachées), il est juste de conclure à une tentative de renfermement ou d’appropriation de ce domaine professionnel pour répondre au besoin d’intégration sociale des migrants originaires de la région des savanes.

En effet, la région des savanes est l’une des plus pauvres des cinq régions qui composent le Togo. Lomé, la capitale économique et politique offre donc plus d’opportunité d’emplois de tout genre ; ce qui explique une forte mobilité des jeunes vers la capitale Lomé. C’est dans l’optique de trouver de meilleures conditions de vie que depuis plusieurs décennies, les jeunes des savanes ne cessent de migrer vers la capitale Lomé. Pour vite trouver du travail, et du travail qui ne nécessite pas forcement une qualification professionnelle, où le capital social préconstruit facilite l’intégration, la zone portuaire est la mieux indiquée. Akodessewa, zone très proche du Port Autonome de Lomé (PAL), est un marché comme indiqué plus haut, réputé pour la commercialisation des pièces détachées de véhicules.

  • Akodesséwa : cadre de récupération sociale et religieuse

Une minutieuse analyse de la configuration sociale à Akodesséwa permet de lire la conséquence des relations intercommunautaires, interethniques et bien souvent plus spécifiques interreligieuse qui traduit une ‘‘solidarité inter minoritaire’’ rapprochant l’identité professionnelle de l’identité religieuse (Kolly). L’enquête réalisée à Akodesséwa dans le cadre de cette recherche a révélé une forte proportion non seulement des populations originaires de la région des savanes mais également de la religion musulmane comme le récapitule le tableau d’échantillon ci-dessous :

Tableau 2 : Distribution des enquêtés suivant la religion, l’âge et le milieu d’origine

ReligionChrétienneMusulmaneAnimiste  Total
 Tranche d’âge Milieu d’origineMoins de 18 ans18-45 ans45 ans et plusMoins de 18 ans18-45 ans45 ans et plusMoins de 18 ans18-45 ans45 ans et plus
Région des savanes03029501122
Région de la Kara0000100001
Région maritime0100110014
Région centrale0100220005
Sous-total0502138012 
Total523331

Source : Enquête de terrain, février 2021.

Les différents entretiens ont porté sur une population retenue suivant leur tranche d’âge, leur milieu d’origine mais aussi leur confession religieuse. Le croisement des 03 variables et plus pertinemment des deux dernières variables permet d’analyser la nature des relations et les logiques d’intégration ou d’appropriation territoriale des différents groupes ethniques, mais aussi les rapports de domination entre groupes constitués. L’enquête réalisée sur cet échantillon tiré par quota d’unités voisines, pour qu’il soit le plus représentatif, a porté sur une population majoritairement musulmane avec quelques 16,13% de chrétiens et moins de 0,1% d’animistes. Il est majoritairement (61,29%) composé de jeunes d’âge compris entre 18 et 45 ans et à près de 71% d’individus originaires de la région des Savanes pour nourrir le marché des pièces détachées d’Akodesséwa dans un ordre d’ascension professionnelle suivant des critères bien définis et plus fonction du capital social de l’individu.

On redécouvre donc dans le contexte d’Akodesséwa de nouvelles logiques d’organisation et d’intégration sociale dans une dynamique de protectionnisme fondée sur la religion. En effet, la religion en étant instrument de récupération sociale est aussi et avant tout marqueur d’intégration professionnelle en mettant à nu l’antagonisme entre les différentes religions sur le territoire. L’idée de religion elle-même, comme le soulignait Durkheim cité par G. Michelat et M. Simon (263), pose la question des croyances qui « sont toujours communes à une collectivité déterminée qui fait profession d’y adhérer et de pratiquer les rites qui en sont solidaires… ». C’est au nom de cette contrainte de solidarité que se développe le renfermement social et professionnel à Akodesséwa et que la proportion des populations d’un profil donné (notamment la religion et l’origine sociale) croit inexorablement d’années et années. C’est la raison de l’accentuation de la ségrégation urbaine et la nouvelle dynamique propre à Akodesséwa qui serait l’exemple de déploiement sur d’autres territoires et dans certaines villes africaines qui pourrait ajouter à la ghettoïsation religieuse au sens de la trajectoire résidentielle la ghettoïsation professionnelle : cette double ségrégation sur les territoires serait contre-productive parce qu’elle fragiliserait les institutions.

C’est en cela qu’il faut « (ré)interroger le rôle du religieux dans le fonctionnement et même dans la production de la ville et de l’urbain en Afrique » (Lasseur). En effet, les plus anciens ont attiré les plus jeunes par rapport à leurs réalisations : achat d’une moto, d’un terrain à Lomé soit dans la zone de départ, etc. sans considération du niveau d’instruction. De même, pour la promotion professionnelle, une logique spécifique est à l’œuvre et est fonction de l’ancienneté et de la cooptation.

« Les plus anciens sont devenus propriétaires de boutiques ; ces derniers reçoivent leurs jeunes frères qui arrivent des savanes comme démarcheurs servant de pont entre acheteurs de pièces détachés et propriétaires de boutiques. Ils servent également de courtiers pour la livraison des pièces dans les ateliers de mécanique. C’est ainsi qu’ils font la connaissance du milieu et du terrain. De façon plus précise, les acteurs sont composés de propriétaires de boutiques, de dealeurs, de courtiers et de démarcheurs. Ces jeunes démarcheurs sont rémunérés à la fin de la journée. Les propriétaires de boutique offrent hospitalité dans les boutiques à ceux qui n’ont pas encore de logement. Ce cycle de vie étant continu, vous ne verrai pas d’agent de sécurité pour garder les boutiques. A force de travailler pour les aînés, le nouvel arrivant se fait de petites économies qui vont lui permettre de commencer par avoir son propre stock de petites pièces (insignes, bouchons …) pour commencer. » (Propos d’un enquêté, propriétaire de boutique, titulaire d’un BTS).

C’est cette cooptation qui fait de la religiosité un critère de récupération parce qu’elle suppose de connaître l’acteur. En analysant le système de fonctionnement à Akodesséwa, on comprend que la confiance est la valeur première que doit partager l’ensemble des acteurs du corps de métier. Celle qui autorise à remettre un bien acquis à un collègue qui serait libre de le revendre à combien il voudra et pourrait ne remettre le montant véritablement dû pour la pièce que des jours et des semaines plus tard, sans que frictions ne naissent entre eux. C’est en cela qu’un acteur est toujours sous la couverture d’un autre ; de celui qui l’a coopté. On le désignera ainsi par ‘‘l’enfant de…’’ ; ‘‘le fiston de…’’ ou encore ‘‘l’élément de…’’. L’acteur coopté doit donc être le reflet de son ‘‘maître’’, et bénéficiera des avantages et de la même confiance accordée à son maître dans les différentes relations.

C’est pour cela que l’intégration professionnelle passe par la reconnaissance sociale et plus encore l’acceptation de l’autre. L’absence de commentaire sur un nouvel arrivant signifiera bien souvent l’acceptation de sa manière de vivre et de collaborer ; mais, lorsque survient des discours souvent inachevés (comme, ‘‘ton enfant là’’ ; ‘‘ton petit là’’ ; etc.) qui disent explicitement la déception à l’égard d’un jeune coopté un processus de marginalisation peut très vite l’exclure du groupe fermé et homogène. En effet, l’intégration sociale, culturelle, mais aussi professionnelle à Akodesséwa suit la logique des quatre étapes d’intégration urbaine (Rea et Tripier) à savoir : la compétition qui se matérialise plus lors de la conquête des clients entre les différents apprentis sur le marché. Une compétition qui est à la fois économique, sociale et culturelle avec une portée symbolique parce que déterminant dans la place que chacun occupera vis-à-vis de son mentor. Plus vous aiderez votre ‘‘patron’’ à rentabiliser dans la journée, plus vous aurez ses faveurs, et plus vite vous obtiendrez votre autonomisation.

Ce défi collectif est forcément incubateur de conflit, non seulement au sens des confrontations ouvertes entre acteurs, mais davantage celui où l’acteur se questionne sur les raisons de l’existence, sur les contradictions visibles entre ce qu’il est et l’image projetée de ce qu’il doit devenir. Tout ceci se manifeste par l’obligation d’opérer des choix bien souvent difficiles entre ce qui a longtemps été son identité et ce qu’il doit s’approprier ; entre la résignation à la soumission sans réserve et l’autonomie vécue dans le milieu de départ. Finalement, le contraste est saisissant entre deux vies, et l’envie prend bien souvent la plupart d’un en début d’intégration d’un retour au milieu de départ. La résistance au choc culturel et difficultés suppose donc un effort d’accommodation et d’adaptation au mode de vie et aux logiques imposées pour l’intégration qui va aboutir à une assimilation des valeurs, gage de toute ascension sociale et professionnelle et reconnaissance sociale.

Le système fonctionnel est donc révélateur d’un malaise au niveau holistique (dans toute la ville) et nécessite donc du candidat à l’intégration à Akodesséwa deux échelles d’intégration : la première liée aux exigences à l’intégration à l’échelle de la ville ; et la seconde à l’intégration au micro-territoire (Akodesséwa). Ces deux niveaux de socialisation qui se déroulent concomitamment chez le candidat, offre bien souvent des valeurs et des modes de vie opposés qui rendent complexe et plus difficile leur intégration. C’est ce qui justifie chez le migrant la sélectivité des valeurs et incontestablement la dualité existentielle ou identitaire. Le migrant entrant dans un jeu de rôle aux fins d’acceptation par les voisins de l’un ou l’autre territoire et se trouve ambivalent entre deux identités au moins correspondant à chaque territoire fréquenté. C’est ce qui justifie qu’on observe une reproduction imagée de l’occupation spatiale d’Akodesséwa sur d’autres territoires de la ville de Lomé ; les trajectoires résidentielles étant sujettes dans le cas d’Akodesséwa aux itinéraires professionnels. C’est cette tendance à l’homogénéité sociale mais aussi professionnelle résultant du renfermement qui crée et renforce les tensions avec les autres groupes sociaux et ethniques.

C’est pour cela que, par opposition à Akodesséwa, depuis quelques années, la ville de Lomé a vu naître un autre marché aux pièces détachés dans le quartier Amoutiévé, pour répondre au besoin d’insertion professionnelle des autres groupes ethniques dont les efforts d’intégration professionnelle à Akodesséwa ont échoué. On constate en effet que ce marché est contrôlé essentiellement par les populations du sud Togo (Ewé) et les logiques d’intégration suivent les mêmes exigences que celles en vigueur à Akodesséwa. C’est le point de départ d’une extension du phénomène aux autres ethnies du pays dans les autres catégories socioprofessionnelles et sur les autres territoires de la ville. Peut-on y voir une nouvelle logique de développement ? Cette dynamique peut-elle laisser voir les éléments à prendre en compte dans la définition des politiques publiques et les différentes initiatives de développement ? Dans la mesure où les principes de développement doivent se construire sur les propriétés territoriales, faut-il peut-être commencer par envisager des logiques de développement construites autour de ces logiques ségrégatives ?

Conclusion

Plus la pression démographique et les migrations surpasseront les ressources disponibles, la tendance, surtout dans les milieux urbains, sera au renfermement territorial dans une logique de protectionnisme et de reproduction sociale. C’est à cette conclusion qu’est parvenue cette recherche en tentant d’analyser le système fonctionnel du marché de pièces détachées d’Akodesséwa dans la zone portuaire de Lomé. En interrogeant les trajectoires résidentielles et professionnelles, on a constaté que l’intégration sociale et professionnelle suit une logique précise qui renforce la ségrégation et inspire la naissance d’autres territoires parallèles pour répondre aux besoins d’intégration des autres groupes sociaux. La conséquence étant la lutte de classe et plus spécifiquement des groupes pour la conquête et la conservation du monopole d’un domaine d’activité.

La recherche a fini par comprendre que Akodesséwa fonctionne au principe d’un ghetto en raison du fait que s’y développe un mode de vie particulier, des règles de vie implicite indépendamment de la vie urbaine à Lomé et que les logiques d’intégration suivent les exigences de la vie à Akodesséwa. La recherche l’a démontré à partir du calcul de l’indice d’isolement et du quotient de localisation qui ont prouvé la fréquentation d’une forte proportion d’individus issus de la région des savanes et de religion musulmane. Voilà pourquoi on peut conclure que Akodesséwa fonctionne comme un cadre de récupération sociale mais aussi religieuse en raison des propriétés territoriale et de la configuration sociale.

Travaux cités

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Comment citer cet article :

MLA : Moutore, Yentougle et Gountante Dansoip. «Akodesséwa (Lomé), un marché aux allures de ‘‘ghetto commercial’’.» Uirtus 1.1 (août 2021): 116-133.


§ Université de Kara, [email protected]

[1] Rapport entre la population du groupe dans l’unité spatiale et la proportion du groupe dans la ville le tout rapport de la population du groupe dans la ville et la population totale dans l’Unité spatiale. Si le QL est supérieur à 1, le groupe est sur-représenté, et si le QL est inférieur à 1, le groupe est donc sous-représenté (Apparicio cité par Moutoré, 171)

[2] Population de Lomé commune

[3] entendue comme « (…) une profession dans laquelle la part de l’emploi d’un groupe donné (…) est au moins le double de sa part de la population active de la ville »,