Résumé (Opinions et attitudes des populations abidjanaises face à la vaccination contre la Covid-19)

Georges Gaulithy§

Résumé : La pandémie de la Covid-19 a fait de nombreuses victimes dans le monde entier. La découverte de différents vaccins a suscité une lueur d’espoir dans cette bataille contre cette maladie. Toutefois, malgré la disponibilité des vaccins, les populations ivoiriennes ne se sont pas fortement mobilisées pour se faire vacciner. Pourquoi une telle réaction de la part de celles-ci ? L’objectif de cette étude est d’analyser et expliquer les opinions et attitudes des populations abidjanaises à l’égard de la vaccination contre la COVID-19. L’étude documentaire associée à un questionnaire et des entretiens semi-dirigés ont constitué les techniques de recueil de données de cette étude. Une approche mixte (quantitative et qualitative) a été privilégiée pour l’analyse de ces données. Les résultats indiquent une influence des réseaux sociaux et des communications interpersonnelles sur les opinions et attitudes des populations dans la non adoption des vaccins contre la Covid-19.    

Mots-clés : Opinions et attitudes, vaccination, populations abidjanaises, COVID-19, résistance.

 

Abstract: The Covid-19 pandemic has claimed many lives around the world. The discovery of different vaccines has sparked hope in the battle against this disease. However, despite the availability of vaccines, the Ivorian populations did not strongly mobilize to be vaccinated. Why such a reaction from them? The objective of this study is to analyze and explain the opinions and attitudes of the Abidjan populations with regard to vaccination against COVID-19. The documentary study associated with a questionnaire and semi-structured interviews constituted the data collection techniques for this study. A mixed approach (quantitative and qualitative) was favored for the analysis of these data. The results indicate an influence of social networks and interpersonal communications on the opinions and attitudes of populations in the non-adoption of vaccines against Covid-19.

Keywords: Opinions and Attitudes, Vaccination, Abidjan Populations, COVID-19, Resistance.

 

Introduction

Les concepts d’opinions et d’attitudes ont été abondamment définis, surtout par la psychologie sociale. En effet, l’opinion est un point de vue, une position intellectuelle, une idée ou un ensemble d’idées que l’on a dans un domaine déterminé (Grand Robert de la Langue Française). En outre, il est un jugement que l’on porte sur un individu, un être vivant, un fait, un objet, un phénomène… Dans le cas de notre étude, c’est le jugement que porte les populations abidjanaises sur le phénomène de la vaccination contre la Covid-19.

Par ailleurs, la définition de Rosenberg et Hovland (1-44) sur les attitudes prend en compte trois dimensions qui constituent des composantes. Une composante affective (émotions positives ou négatives, favorable ou défavorable à l’égard de l’objet attitudinal), une composante cognitive (connaissances et croyances présentes et passées concernant l’objet) et une composante conative (comportements passés et présents de l’individu face à cet objet et à ses intentions comportementales (futur)). Certes, l’attitude est un ensemble de prédispositions qui permettent à un individu de réagir favorablement ou défavorablement en présence d’un objet. Elle est surtout interne à l’individu. De ce fait, pour nous, c’est surtout un état d’esprit, une intention et n’est donc pas directement observable. Ici, il s’agit d’analyser l’intention à agir des populations abidjanaises face à la vaccination. Après avoir défini ces concepts, quel est le point des travaux scientifiques sur la question des opinions et attitudes face à la vaccination contre la Covid-19 dans le monde en général et en Côte d’Ivoire en particulier ?    

Dans le cadre de la lutte contre la pandémie de la Covid-19, les grandes puissances économiques et scientifiques ont dégagé d’importants moyens financiers afin que des recherches puissent être menées ou accélérées afin d’aboutir à la découverte de vaccins. Conformément au protocole en matière de recherche vaccinale, il a fallu recourir aux essais cliniques. C’est ainsi que Detoc et al. (7003-7005), dans le cadre de leurs travaux, ont pu déterminer que 48% des personnes de leur échantillon d’enquête (3259 personnes) seraient disposées à participer aux essais cliniques dans le cadre de l’élaboration d’un vaccin contre la Covid-19 en France, tandis que 75% seraient favorables à la vaccination contre ce virus. Cette intention vaccinale contre la Covid-19 concerne les personnels de la santé, acteurs de premières lignes dans cette lutte. Aussi, pour Dereje et al. (8-10), à Addis-Abeba, près de la moitié (46,7%) des participants à leur enquête présentaient un faible niveau de connaissances sur la Covid-19 ce qui induisait une attitude négative envers elle (Covid-19) et ses mesures préventives. De telle sorte qu’une personne sur cinq, parmi les interviewées, n’envisageait pas se faire vacciner contre la Covid-19. A contrario, des niveaux de connaissances élevées sur la Covid-19 et les vaccins développés pour lutter contre elle, favorisent une intention vaccinale beaucoup plus importante comme le soulignent les travaux d’Al-Qerem et Jarab (632914).

En outre, le niveau de connaissance influence voire détermine la confiance ou non dans le vaccin. Évaluant le niveau de confiance que les populations ont dans les vaccins en général, De Figueiredo et al. (900-906) ont comparé ce niveau dans 149 pays du monde entre 2015 et 2019. À cet effet, six pays se distinguent par le désaccord de leur population face à l’innocuité des vaccins (Afghanistan, Azerbaïdjan, Indonésie, Nigéria, Pakistan et la Serbie). De même, la confiance du public placée dans les sources d’information (institutionnelle) influence leur volonté de se faire vacciner comme le souligne les travaux de De Freitas et al. (100051). Qu’en est-il de cette confiance, surtout lorsque ces sources d’informations émanent d’autres sources non institutionnelles ? C’est le cas des médias sociaux qui, globalement, impactent négativement la volonté des personnes de se faire vacciner. Ce refus vaccinal suscité par les informations en provenance des médias sociaux est révélé par les travaux de Lyu et al. (8-12), Luo et al. (101712), ainsi que ceux de Manby et al. (5-9). Cette désinformation et ses conséquences sont mis en avant par Roozenbeek et al. (201199). La désinformation, aussi brève soit elle, peut s’ancrer dans la mémoire à long terme selon Zhu et al. (303-306).          

Au-delà de l’impact globalement négatif des médias sociaux sur l’adoption de la vaccination contre la Covid-19, la question des croyances influence l’adoption ou non de la vaccination. En effet, cette question des effets des croyances sur la non adoption de la pratique vaccinale est ancienne. Chongwang montre les croyances qui sous-tendent le refus de faire la vaccination dans certaines régions du Cameroun. Ainsi, les contraintes culturelles, les légendes urbaines et la désinformation alimentent ces croyances contre les vaccins de façon générale. Cette conception est partagée par De Figueiredo et al. (900-906) qui ont perçu un lien entre les croyances religieuses des individus et leurs attitudes hostiles vis-à-vis des vaccins. Fridman et al. (e0250123) pensent pour leurs parts que la perception du risque et le comportement (attitudes moins favorables à l’égard d’une vaccination contre la Covid-19) sont en lien avec la perception du fait que le virus est moins dangereux qu’on ne le fait croire. Cette perception rejoint celle de Sallam et al. (42). Toutefois, ces croyances n’ont pas qu’un impact négatif sur l’adoption de la vaccination. Ainsi, Sherman et al. (1615-1618) pensent que l’intention de se faire vacciner est associée à des croyances et attitudes générales plus positives sur la vaccination contre la Covid-19.

En Côte d’Ivoire, les premières doses de vaccins ont été inoculées le 01 mars 2021. Cependant, il faut indiquer que le nombre de personnes contaminées était de 32791, dont 193 morts et 31712 guéries à ladite date selon les chiffres communiqués par le Ministère de la santé et de l’Hygiène publique. Pour lutter contre cette pandémie, les autorités étatiques avaient pris, dès le 24 mars 2020, un certain nombre de mesures visant à protéger les populations et à éviter la propagation de cette maladie. À cet effet, des mesures classiques telles que le lavage régulier des mains, le port du masque facial, la distanciation physique ont été édictées à l’endroit des populations. Aussi, au titre des mesures exceptionnelles, l’état d’urgence a-t-il été décrété par le chef de l’Etat dès l’apparition des premiers cas dans le pays. De même, la fermeture des frontières aériennes et terrestres, des établissements scolaires et universitaires, des lieux de loisirs et de culte, l’instauration d’un couvre-feu, l’interdiction des déplacements non autorisés entre le district d’Abidjan et les villes de l’intérieur du pays, la limitation à un seuil fixé du nombre de personnes autorisées à être dans une même salle s’ajoutent à l’état d’urgence. Ces mesures ont été diversement reçues par les populations. Elles ont essayé tant bien que mal de s’y conformer souvent sous le regard coercitif des forces de sécurité publique chargées de veiller au respect desdites mesures. Cependant, dans un pays où une partie de la population est pauvre[1] et se retrouve à exercer quotidiennement de petits métiers pour vivre, il semble difficile qu’elle puisse respecter scrupuleusement toutes ces mesures barrières. Aussi, la découverte des vaccins a suscité de nombreux espoirs à travers le monde. L’accès à ces vaccins, comme dans de nombreux pays du Tiers monde, surtout africains, est tributaire de certaines initiatives (COVAX[2], AVAT[3]…) et dons de pays développés. Toutefois, leurs usages suscitent des interrogations. En effet, les nombreux appels du gouvernement ivoirien aux populations, à aller se faire vacciner, semblent indiquer une certaine méfiance voire réticence de celles-ci vis-à-vis desdits vaccins (N’Guessan, Kaglan). Les cibles prioritaires que sont les personnels du corps de la santé, de l’enseignement et des forces de sécurité publique ne se sont pas bousculés pour se faire vacciner, à telle enseigne que le gouvernement l’a rapidement élargi à toute la population. Ces données statistiques obtenues, à la date du 21/11/2021, indiquent qu’en Côte d’Ivoire, 1,18 millions de personnes sont complètement vaccinées soit 4,5% de la population (ONU Info). Le chef de l’Etat a mentionné, lors de sa traditionnelle adresse à la nation en date du 31/12/2021, qu’à ce jour, environ 7 millions de doses de vaccins avaient été administrées sur un total d’environ 15 millions de doses disponibles. Dès lors, quelles sont les opinions et attitudes des populations abidjanaises face à la vaccination contre la Covid-19 ? Quelles sont les logiques et les rationalités qui sous-tendent de tels comportements au sein des populations ? Pourquoi une telle “résistance” face à la vaccination ?

Cette étude vise à expliquer les opinions et attitudes des populations abidjanaises à l’égard de la vaccination contre la COVID-19. Nous émettons l’hypothèse que l’influence des médias sociaux combinée à la communication interpersonnelle négative à l’endroit de la vaccination est un obstacle à une acceptation et une vaccination massive des populations contre la Covid-19. Cette étude repose sur les théories de la diffusion de Rogers (221-232) et le modèle séquentiel du comportement d’autoprotection de Dejoy (6-15). La première théorie part du principe que les personnes en relations s’influencent mutuellement quand vient le temps d’adopter une innovation. Dans ce cas présent, cette communication négative faite autour du vaccin contre la Covid-19 va influencer les attitudes de certains abonnés de ces réseaux sociaux qui finiront par ne pas adopter la vaccination. La seconde théorie repose sur un modèle qui servait à l’origine à la prévention des accidents du travail, basé sur quatre étapes : l’appréciation du danger, la prise de décision, l’initiation d’une action et l’adhérence (adoption) à un comportement de sécurité. Dès lors que la situation n’est pas perçue comme une menace sérieuse, l’individu ne prend pas de mesure de protection. Ici, si le virus de la Covid-19 n’est pas perçu comme une menace pour leur vie, les populations ne percevraient pas, par conséquent, l’intérêt de se faire vacciner contre la Covid-19.   

Nous allons, d’abord, évaluer les connaissances des populations abidjanaises sur la COVID-19 et la vaccination à travers un questionnaire. Ensuite, nous nous efforcerons de présenter leurs opinions et attitudes vis-à-vis de la vaccination. Enfin, nous analyserons les facteurs explicatifs de cette réticence à se faire vacciner contre la Covid-19.

 

  1. Méthodologie

1.1. Terrain d’étude, population et échantillon

Deux (02) communes du district d’Abidjan (Yopougon et Cocody) ont constitué les sites où se sont déroulés nos travaux. Le choix de ces communes d’Abidjan se justifie par le fait que la commune de Yopougon est une cité dortoir densément peuplée. La dernière est une commune résidentielle où l’on retrouve de nombreux habitants de la classe moyenne, les résidences des principales représentations diplomatiques ainsi que l’élite politique et administrative du pays.

 En outre, c’est la méthode d’échantillonnage non aléatoire notamment l’échantillon de commodité que nous avons choisi parce que nous ne disposions pas de base de données exacte concernant cette population et aussi parce que ces personnes étaient facilement atteignables et disposées à participer à l’enquête. Toutefois, dans un souci de représentativité, nous avons reparti les répondants dans tous les sous quartiers de ces quartiers cités. Aussi, avec l’échantillonnage non probabiliste, le chercheur n’a aucun moyen de calculer dans quelle mesure son échantillon représente la population dans son ensemble. Dans le cas de notre étude, l’échantillon de la population enquêtée porte sur 85 personnes (50 habitants pour la commune de Yopougon (quartier de Niangon Sud à Gauche) et 35 habitants pour la commune de Cocody (quartier de Blockhauss)), ce, en prenant en compte la taille de la population de chacune de ces deux communes. La taille de l’échantillon a été déterminée en fonction de certaines contraintes financières et de temps. 

1.2. Techniques de recueil des données

Il nous a paru opportun dans le cadre de cette recherche de retenir l’étude documentaire et l’enquête-interrogation comme les principales techniques de recueil des données. Ainsi, pour ce qui concerne l’étude documentaire, nous avons eu recours à toutes les sources d’information (presse écrite et en ligne, les réseaux sociaux, les sites officiels du gouvernement ivoirien et des organismes onusiens, les ouvrages et articles scientifiques). A travers cette documentation diversifiée, nous avons voulu avoir le maximum d’informations sur le sujet. Que celles-ci soient officielles ou non, qu’elles émanent des internautes ou des journalistes, qu’elles soient le résultat de recherches scientifiques. En outre, nous avons collecté toutes les statistiques qui nous semblaient utiles pour mieux expliquer le sujet. Quant à l’enquête-interrogation, elle a consisté à administrer un questionnaire qui visait principalement à évaluer leurs connaissances de la maladie et de la vaccination. Aussi, avons-nous eu recours à des entretiens semi-dirigés axés sur leurs opinions et attitudes à l’égard de la maladie à coronavirus et la vaccination contre la Covid-19. En outre, au niveau de l’analyse des données, nous avons retenu l’analyse quantitative à travers l’usage des statistiques descriptives pour présenter de façon chiffrée les informations contenues dans les données recueillies auprès des enquêtés. Quant à l’analyse qualitative, elle nous permettra de mettre l’accent sur le discours des enquêtés. Ces discours devraient nous aider à mieux comprendre et analyser les opinions et attitudes qui en découlent et qui induisent l’acceptation ou non de la vaccination contre la Covid-19. Certaines questions utilisaient une échelle de type Likert en 5 points, allant de « tout à fait d’accord » à « tout à fait en désaccord » afin de déterminer les opinions et attitudes des participants face à la vaccination contre la Covid-19. 

  1. Résultats

Les résultats de ce travail sont articulés, d’abord, autour des connaissances des populations sur la Covid-19 et la vaccination. Ensuite, nous aborderons leurs opinions et attitudes face à la vaccination et enfin nous chercherons les facteurs sous-tendant l’adoption de ces opinions et attitudes.  

2.1. Connaissances des enquêtés sur la Covid-19 et la vaccination

Les connaissances des populations ont été évaluées à travers un questionnaire qui leur a été soumis et dont les principales réponses sont contenues dans le tableau ci-dessous.

 

Tableau 1 : Connaissances des populations sur la Covid-19 et la vaccination

Connaissances sur la Covid-19 et le vaccin

Oui

Non

Je ne sais pas

N

%

N

%

N

%

Avez-vous déjà entendu parler de la Covid-19 ?

85

100

0

0

0

0

La Covid-19 est-elle une infection mortelle ?

83

98

1

1

1

1

Est-elle mortelle pour le personnes âgées (+ de 50 ans) ?

80

94

4

5

1

1

Est-elle mortelle pour les jeunes et les enfants ?

3

4

81

95

1

1

Connaissez-vous les modes de transmission ?

84

99

0

0

1

1

Connaissez-vous les modes de prévention ?

84

99

0

0

1

1

Peut-on guérir sans traitement ?

78

92

7

8

0

0

Existe-t-il un traitement ?

0

0

85

100

0

0

Savez-vous qu’il existe un vaccin ?

85

100

0

0

0

0

La vaccination est-elle un moyen efficace pour prévenir et contrôler la maladie ?

44

52

40

47

1

1

Les vaccins sont sûrs et sans danger ?

34

40

50

59

1

1

Source : Notre enquête Septembre-Octobre 2021

Il ressort de ce tableau que les connaissances de nos enquêtés sur la Covid-19 et le vaccin développé pour y faire face sont importantes. La quasi-totalité des enquêtés connait l’existence de la maladie (100%), sait que c’est dangereux (98%), connait les modes de transmission et de prévention (99%). En outre, ces enquêtés savent tous qu’il existe un vaccin et qu’il n’existe pas de traitement (100%) contre la Covid-19. Toutefois, à peine la moitié (52%) est convaincue que ce vaccin est efficace pour prévenir la maladie, tandis que pratiquement 60% des enquêtés ne sont pas rassurés par l’innocuité de ces vaccins.

 

2.2. Sources d’information sur la maladie et la vaccination

2.2.1. Sources d’information sur la maladie

Les sources d’information de la population sur la maladie sont contenues dans le graphique suivant :

Source : Notre enquête Septembre-Octobre 2021

La lecture de ce graphique nous permet de nous apercevoir que la Télévision (35%), Internet (les réseaux sociaux) (31%) et les Communications interpersonnelles (20%) sont les principaux moyens privilégiés par nos enquêtés pour avoir accès aux informations sur la maladie à coronavirus (Covid-19). 

2.2.2 Sources d’information sur la vaccination

Les sources d’information de la population sur la maladie sont contenues dans le graphique suivant :

Source : Notre enquête Septembre-Octobre 2021

Au regard de ce diagramme à secteurs, il convient de noter que l’Internet (médias sociaux) est la première source d’information sur la vaccination contre la Covid-19 (41%), suivi par les communications interpersonnelles (26%). Ces deux sources captivent plus de 2/3 des enquêtés en leur fournissant des informations sur la vaccination. Ces sources d’information « non officielles » semblent être privilégiées au détriment des sources d’information « officielles » que sont la télévision, la presse écrite et la radio (33%). 

En somme, nous constatons que les enquêtés, que ce soit sur la maladie et la vaccination, font globalement confiance aux sources « non officielles » que sont les réseaux sociaux et la communication interpersonnelle (Pourcentage cumulé de 51% pour la maladie et 67% pour la vaccination) au détriment des « sources officielles » (Télévision, Radio et Presse écrite). Cela pourrait s’expliquer par le fait que ces « sources officielles » ne sont plus dignes de confiance car elles ne font que relayer les informations émanant des autorités politiques au pouvoir, critiquées elles aussi pour leur manque de transparence dans la communication et la gestion de nombreuses affaires. Mais au-delà, cette suspicion (manque de transparence) pèse sur de nombreux gouvernements dans le monde, et ce, dans un contexte de « village planétaire » où une communication à outrance est exercée à travers divers canaux.

 

 

 

2.3. Opinions et attitudes face à la vaccination

Les opinions et attitudes de nos enquêtés sur la vaccination sont aussi diverses que variées. Ces opinions sont plus ou moins liées aux opinions sur la maladie. Ainsi, si pour certains de nos enquêtés, leurs opinions sur la maladie à coronavirus, et précisément le virus sont conformes aux données scientifiques actuelles, il n’en pas ainsi pour de nombreux autres enquêtés. En effet, pour les premiers ce virus et très dangereux, donc il vaut mieux se conformer aux consignes des autorités sanitaires. K.K.F (65 ans), fonctionnaire à la retraite dans la commune de Yopougon témoigne : 

Moi, je pense que les informations que nous donnent nos autorités compétentes sur la Covid-19 sont exactes. Il y a des gens qui connaissent et qui font bien leur travail, quelle opinion ai-je à donner pour dire que c’est une invention des blancs pour tuer des noirs. Ceux qui parlent ainsi, ne voient-ils pas les conséquences de cette maladie sur leurs frères noirs des Caraïbes ?

Toutes ces personnes qui ont une opinion conforme aux connaissances sanitaires actuelles sont favorables à la vaccination. Ainsi, elles ont toutes une attitude positive vis-à-vis du vaccin. S.L. (38 ans) résidant à Yopougon et chauffeur auprès d’un homme d’affaires se confie :

Nous, on travaille beaucoup avec différents partenaires. Donc, quand ça commencé, on était angoissé car on pouvait rencontrer partout ce virus. Dès que les vaccins sont arrivés à Abidjan et qu’on nous a dit qu’on pouvait le faire, je n’ai pas hésité un seul instant à me faire vacciner.

C.L. (48 ans), cadre dans une banque de la place et résidant dans la commune de Cocody, ne dit pas autre chose :

Moi, je suis complètement vacciné. Le coronavirus, je le connais parce que je l’ai contracté. J’étais à deux doigts de la mort puisque j’ai été entubé, ici, au CHU de Cocody. Il faut que les gens arrêtent de plaisanter avec ce virus qui est très dangereux. Qu’ils se fassent vacciner.

Toutefois, ces opinions sont prises à revers par d’autres enquêtés qui ont d’autres opinions contraires à celles-ci. Ainsi, il n’est pas rare d’entendre lors des différents entretiens que cette maladie a peu d’effets sur les jeunes, encore plus sur les africains. Ainsi K.K.B. (22 ans), menuisier dans la commune de Yopougon affirme : « Cette affaire de coronavirus-là c’est une affaire des blancs. Ça ne peut rien contre les nous les africains. Regarde comment ça les a tués là-bas !!! Chez nous ici, ça tué combien de personnes ? Leur affaire-là (virus) n’est pas aussi dangereux que ça. ». Ce type de raisonnement est partagé par de nombreux enquêtés. P.C., (30 ans) tenancier de maquis (bistrot) à Cocody ajoute : « Le virus ne supporte pas la chaleur, surtout notre climat. Affaire de corona-là, c’est maladie des blancs et puis ça ne tue pas les plus jeunes. Ce sont les vieux et puis les gens malades là que ça tue, c’est ce que j’ai vu à la télé ». Les opinons de certains enquêtés vis-à-vis de la vaccination sont défavorables, car ils estiment que cela ne vaut pas la peine. Aussi, d’autres enquêtés nous ont-ils confié que le vaccin serait à l’origine de la mort de nombreuses personnes vaccinées (personnalités célèbres). S.L. (43 ans) instituteur à Cocody de s’interroger

Regarde, la majeure partie des célébrités décédées dernièrement de la Covid-19 étaient toutes vaccinées. Pourquoi, malgré le vaccin sont-elles décédées ? C’est bizarre, moi, je ne suis pas favorable à cette vaccination et je ne compte pas la faire. 

A côté de ces deux groupes d’enquêtés, se trouvent d’autres personnes, qui quand bien même qu’elles aient des opinions conformes aux connaissances sanitaires, sont hésitantes face à la vaccination. Ces derniers émettent des doutes quand la fiabilité du vaccin. A.I. (35 ans) Informaticien résidant à Yopougon témoigne :

Je pense que la vitesse avec laquelle les vaccins ont été développés incite à la prudence. Pour le moment, je refuse de me vacciner. On ne connait pas suffisamment les effets secondaires de ce vaccin sur les personnes vaccinées.

Dans le cadre de cette étude, les enquêtés ayant une opinion favorable à la vaccination (34 personnes soit 40%) ont également une attitude positive vis-à-vis de la vaccination car ils adhèrent tous à la vaccination. Cependant, les personnes ayant une opinion défavorable à la vaccination (50 enquêtés soit 59%) ont également une attitude négative à l’endroit de la vaccination. Si le déni, l’occultation et la banalisation de la Covid-19 conduisent, souvent, à une non observance des mesures barrières voire à un refus d’adhérer à la vaccination, quid des facteurs sous-tendant une telle attitude ?     

2.4. Facteurs sous-tendant l’adoption des opinions et attitudes

Les facteurs justifiant cette hésitation voire ce refus d’adhérer à la vaccination sont en lien avec une explication factuelle bidimensionnelle. D’une part, nous avons le fait que le taux de contagion soit faible, de même que le nombre de décès des personnes atteintes par la Covid-19. D’autre part, les croyances populaires quant aux moyens de combattre la maladie qui renforcent cette réticence.

L’on note une relative faiblesse du taux de contagion et de décès dus à la covid-19 (61.581 cas de personnes contaminées dont 702 décès au 1/11/2021) en Côte d’ivoire comparés aux millions de personnes contaminées et de centaines de milliers de personnes décédées dans certains pays comme les Etats-Unis, le Brésil, l’Italie, la France… Toute chose qui semble conforter de nombreuses personnes au sein de la population sur leur intention de ne pas se faire inoculer ce vaccin contre la Covid-19. Le témoignage de M.B.T. (28 ans), commerçant à Cocody est assez éloquent : « Depuis que l’on parle de cette histoire de Covid-19, regardez les chiffres. Les contaminations et les décès sont presque inexistantes chez nous par rapport aux blancs. Dès lors, pourquoi me vacciner dans ce contexte ? » Il est un fait que les chiffres officiels semblent largement sous-estimés (faible capacité de dépistage, de nombreuses personnes asymptomatiques, les populations ne vont, généralement, à l’hôpital que quand la maladie est à un stade avancé, alors que la Covid-19, comme la grippe saisonnière, se résorbe globalement seul…). Ayant certaines similitudes avec le paludisme, largement répandu dans cette région du monde, la Covid-19 est souvent confondue à cette dernière d’où une automédication à base de produits pharmaceutiques ou phytothérapiques. Aussi, les craintes des responsables de l’OMS quant aux dégâts que cette pandémie ferait en Afrique ne se sont-elles pas réalisées, toute chose qui renforce cette volonté de certaines personnes de ne pas se faire vacciner. 

En outre, les croyances populaires sont l’un des principaux facteurs qui sont un obstacle majeur à la vaccination. Il est largement répandu dans le corps social en Côte d’ivoire, comme dans de nombreux pays africains et même du monde, que certains remèdes de grand-mère[4] étaient efficaces pour prévenir et même pour combattre la Covid-19. Il n’est pas rare d’entendre dire que manger du piment, de l’ail et même boire de l’alcool, notamment le Koutoukou (eau de vie locale) luttent efficacement contre la Covid-19. Ainsi, C.K.T. (36 ans) tapissier dans la commune de Yopougon de dire ceci : 

Médicament de corona, nous on a ça ici. Tu manges une sauce bien pimentée et puis tu bois gbêlê (koutoukou) corona s’en va loin. Même si c’est bizarre (compliqué) tu fais un bain vapeur de “mentholateum” chinois (baume mentholé) et puis c’est fini.

De même, lorsque ces croyances populaires se combinent avec l’action de désinformation des réseaux sociaux cela génère des croyances fortement ancrées dans le psychisme de l’individu dont il devient difficile de s’en débarrasser. Ainsi, il est répandu, sur certains réseaux sociaux, que les personnes ayant fait le vaccin ont une espérance de vie qui se limiterait à 2 ans, à partir de la date de l’inoculation du vaccin. Ces croyances populaires sont pour Dedy (52) « ce savoir populaire qui conditionne plus ou moins fortement l’attitude et les comportements des individus à l’égard de la maladie et tout particulièrement, à l’égard de la prévention ».

 

  1. Discussion

Les opinions et attitudes des populations déterminent généralement le comportement qui n’est que l’expression visible de tout ce processus mental. Dans le cadre de cette étude, il est ressorti que les opinions et attitudes des populations face à la vaccination contre la Covid-19 sont influencées, en majeure partie, par les informations recueillies sur les réseaux sociaux et la communication interpersonnelle (67%). Ces résultats confirment les travaux de Lyu et al. (8-12), Luo et al. (101712) ainsi que ceux de Manby et al. (5-9).  Cette réticence voire ce refus d’adopter le vaccin est aussi tributaire des rumeurs et autres informations fallacieuses, mais surtout des croyances populaires. A ce niveau, les travaux de Fridman, Gershon et Gneezy (e0250123), Sallam et al. (42), Chongwang ainsi que ceux de De Figueiredo et al. (900-906) confirment l’impact négatif de ces croyances sur l’adoption des vaccins en général, mais spécifiquement celui contre la Covid-19. Ces résultats viennent conforter la conception de Dedy (50-55) sur la faiblesse de la conscience sanitaire en Afrique.

Nonobstant ces faits, il est aussi remarquable que la méfiance des populations vis-à-vis de la volonté gouvernementale (imposition de la vaccination) associée à certaines théories du complot (insertion de puces microscopiques dans les vaccins dans le but de contrôler la population mondiale) vient conforter, à tort ou à raison, la position de toutes ces personnes qui demeurent sceptiques vis-à-vis des vaccins contre la Covid-19 comme le révélait déjà Taïeb à propos des autres vaccins (272-285).

Conclusion

Au terme de cette étude, il convient de noter que les opinions et les attitudes des populations face à la vaccination contre la Covid-19 sont fortement influencées par le flot d’informations dans lequel elles baignent. Celles-ci émanent principalement des réseaux sociaux et des communications interpersonnelles, ce qui confirme notre hypothèse de départ. Ainsi, qu’elles soient de sources officielles ou non, elles influencent, modifient la perception et la conviction des personnes qui les suivent. Au-delà de la question vaccinale, cette étude interroge l’influence des médias, surtout les réseaux sociaux sur les conduites des populations. Ces médias sociaux ont tendance à supplanter les informations délivrées par les canaux officiels de communication.

Aussi, les limites de cette étude se perçoivent-elles par la faiblesse de l’échantillon et la représentativité des sites (un sous quartier par commune ce qui pose un problème de représentativité et le fait que ce soit deux communes qui aient été choisies sur treize que comptent le district d’Abidjan) ne permettent pas une généralisation des résultats.

 

Travaux cités

Al-Qerem, Walid A. et Anan S Jarab. « COVID-19 Vaccination Acceptance and Its Associated Factors Among a Middle Eastern Population. ». Frontiers in public health, vol. 9, 632914. 10 Fév. 2021. doi :10.3389/fpubh.2021.632914

Chongwang, Julien. « La vaccination face à la méfiance des populations », Scidev.net, 26 Fév. 2019. https://www.scidev.net/afrique-sub-saharienne/features/26022019-2/.

Dedy, Séri. « SIDA et Société » Revue des Sciences Sociales. Programme d’Appui stratégique à la Recherche Scientifique (RSS-PASRES), no. 1, 2013, pp. 44-56.

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Comment citer cet article :

MLA : Gaulithy, Georges. « Opinions et attitudes des populations abidjanaises face à la vaccination contre la Covid-19 ». Uirtus 2.1. (avril 2022): 33-50.

 

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[1] 39,5% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté selon les données fournies par la Banque Mondiale en 2018.

[2] COVAX ‟The Covid-19 Vaccines Global Access” est une initiative des Nations-Unies qui vise à collaborer pour un accès mondial et équitable aux vaccins contre le virus de la COVID-19

[3] AVAT “The African Vaccine Acquisition Trust” est une initiative de l’Union Africaine qui vise l’achat groupé de vaccins par l’Union africaine au profit des pays membres.

[4] Ensemble de connaissances basées sur le savoir faire des anciens (grand-mère) qui puisent ses sources dans les plantes et autres produits naturels utilisés pour combattre diverses maladies, et qui auraient des vertus thérapeutiques avérées.